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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 18:25

Décideurs. Par quelles priorités sont aujourd’hui guidées les stratégies de fusions-acquisitions des grandes entreprises françaises ?

Olivier Diaz. En règle générale, les grandes entreprises industrielles cherchent aujourd’hui à se développer en dehors de la zone euro. Ce mouvement fait suite à une période de plusieurs années durant laquelle la plupart d’entre elles ont tenté de se recentrer sur leur cœur de métier, notamment en vendant certains de leurs actifs les moins stratégiques à des fonds d’investissement, afin de faire face aux dégradations du contexte économique. Désendettées, elles ont aujourd’hui un bilan sain et sont en train d’achever le processus de mutation qui leur a permis de résister à la crise. Leur priorité est donc à présent de se développer dans de nouvelles zones de croissance, souvent via des acquisitions stratégiques dans les pays émergents.

Décideurs. Cette tendance observée chez les industriels s’applique-t-elle également au secteur bancaire ?

O. D. Non, la situation des banques est particulière. Elles subissent l’impact des nouvelles normes bancaires internationales définies dans l’accord de Bâle III, auxquelles elles vont devoir se conformer dès 2013. Le renforcement des exigences de fonds propres les contraint notamment à revoir leur stratégie de développement en fonction du coût en capital ou de l’apport en liquidité de chacune de leurs activités. Ce qui se traduit bien souvent par la volonté de resserrer leur portefeuille, en revendant certaines branches opérationnelles.

Décideurs. Quels types d’acquéreurs ces actifs bancaires intéressent-ils ?

O. D. Ce type d’actifs semble intéresser les acteurs du private equity. Les branches consacrées à la gestion d’actifs ou au crédit à la consommation sont en effet propices au rachat par des fonds d’investissement. En revanche, ces derniers peuvent difficilement se porter acquéreurs de sociétés ayant une activité de dépôt. Il est donc probable que, pour que les actifs bancaires mis en vente trouvent preneur, les autorités de régulation doivent faire preuve d’une certaine souplesse autorisant de nouveaux acteurs à se positionner sur ce marché.

Décideurs. Les entreprises réalisant des acquisitions sont elles aujourd’hui plus enclines à se tourner vers un financement obligataire que vers un financement bancaire ?


O. D. Les montages reposant sur un financement bancaire à fort effet de levier, de type leveraged buy-out (LBO), ont longtemps eu un succès considérable dû au fait qu’ils rapportent beaucoup aux établissements prêteurs tout en présentant des taux de défaut très faibles. Or, la crise économique devrait inciter de nombreux acteurs à privilégier la dette obligataire sur la dette bancaire, dans le but d’aller vers une plus grande désintermédiation du crédit.
Mais à cette évolution théorique s’oppose un obstacle pratique : il est concrètement difficile sur le marché français de réaliser une acquisition en s’appuyant sur un financement obligataire. En effet, lorsqu’un actif est mis en vente, le cédant souhaite en général que le financement de l’opération soit déjà assuré de façon certaine (« certain funds ») au moment ou intervient l’offre définitive, dite offre binding, qui prend souvent la forme d’un contrat. Or, il est difficile en termes de calendrier de boucler un plan de financement obligataire en amont d’une offre d’achat : le fait que la dette à utiliser soit émise par la holding de reprise implique que le management contacte des prêteurs obligataires avant l’offre et alors que la consultation du comité d’entreprise n’est pas encore engagée. Le vendeur devrait alors accepter le risque du financement, comme aux États-Unis.
Pour cette raison, les émissions d’obligations interviennent plus dans le cadre de refinancements de dette que pour des acquisitions a proprement parler. Elles sont néanmoins devenues de plus en plus fréquentes, au point que certaines sociétés de gestions ont créé des fonds d’investissement spécialisés dans l’achat de dette obligataire. Mais à l’heure actuelle, aucun fonds n’est encore en mesure d’assurer un niveau de financement obligataire équivalent à un financement bancaire.

Décideurs. L’exercice du métier d’avocat spécialisé en fusions-acquisitions a-t-il évolué sous l’effet du redéploiement stratégique opéré par la majorité des entreprises ?

O. D. Au sein des grands groupes, on constate de plus en plus souvent la constitution d’équipes spécialisées en fusions-acquisitions au sein des directions juridiques, qui gagnent en poids et en importance. Dans la mesure où elles disposent désormais d’effectifs et de compétences techniques considérables, elles attendent des avocats qu’ils se positionnent plus comme des conseil stratégiques que comme de simples producteurs d’actes juridiques, qu’elles peuvent réaliser en interne. Cela n’a pas d’impact direct sur notre cabinet car Darrois Villey Maillot Brochier s’est toujours positionné sur ce créneau spécifique du conseil stratégique à haute valeur ajoutée.

Décideurs. Ce nouveau schéma met-il en concurrence avocats et conseils en stratégie ?

O. D. Non, il n’y a pas de concurrence entre conseils en stratégie et avocats d’affaires, qui interviennent chacun sur des aspects bien distincts. Les deux professions entretiennent plus une relation de partenaires, tout comme le font avocats et conseils financiers. En définitive, l’objectif de tous les intervenants est de bien comprendre les enjeux respectifs de chacun, et surtout d’aider le client à bien comprendre l’opération, et à la réaliser conformément à ses objectifs stratégiques.

Décideurs. Comment le cabinet Darrois adapte-t-il son organisation à la multiplication des opérations cross-border, en particulier vers les pays émergents ?

O. D. Dans la mesure où nous ne possédons pas d’implantation directe à l’étranger, l’accompagnement de nos clients dans les régions émergentes se justifie particulièrement dans le cadre d’affaires complexes. Il se fait dans ce cas en collaboration avec des cabinets locaux. Cela implique d’identifier – ce que nous faisons souvent en nous appuyant aussi sur l’expérience de nos correspondants européens et américains - dans chacun de ces pays des confrères en mesure de délivrer un conseil de qualité irréprochable aux entreprises qui nous font confiance. Dans cette démarche, nous nous attachons à tisser des liens forts avec les individus eux-mêmes.

Décideurs. À l’échelle mondiale, pensez-vous que le marché soit actuellement propice à une reprise pérenne des opérations de fusions-acquisitions ?

O. D. Le M&A est un domaine qui aime la stabilité. De belles opérations peuvent avoir lieu dans un contexte de croissance faible, pour autant que l’équilibre de l’environnement économique et la confiance des investisseurs soient au rendez-vous. En l’absence de ces deux facteurs réunis, il est souvent impossible pour les vendeurs et les acheteurs d’aboutir à des accords, tant le souci de préserver leurs intérêts dans un environnement incertain prime sur le souci de développement stratégique.
Or à l’heure actuelle, le marché ne semble pas assez stable pour favoriser une nouvelle période d’opérations. La situation économique a beau ne pas être catastrophique, la plupart des acteurs du marché craignent que le tableau ne se noircisse dans les mois à venir. Ils sont plutôt dans une situation d’attente… et le marché M&A l’est tout autant.

Source (Décideurs)

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 18:11

Décideurs. De nombreux cabinets portent un regard critique sur le restructuring en tant que pratique, estimant qu’en dépit des crises récentes, ce métier ne s’est pas révélé suffisamment porteur. Comment l’expliquer ?

Nassim Ghalimi.
La crise de 2008 a eu, dans les cabinets d’affaires, au moins deux impacts : une baisse des activités de corporate/M&A et une augmentation relative des dossiers de traitement des difficultés rencontrées par les entreprises. L’année 2009 a en effet été marquée par une augmentation significative des défaillances d’entreprises. De nombreuses équipes spécialisées en corporate/M&A ont ainsi espéré compenser leur baisse d’activité dans leurs domaines traditionnels de compétences par l’accroissement des besoins en restructuring.
Trois ans plus tard, le bilan pour ces nouveaux arrivants peut effectivement paraître mitigé. Les raisons sont assez simples. D’une part, la baisse des besoins en corporate/M&A n’a pas été compensée, mécaniquement, par une hausse équivalente des besoins en restructuring. D’autre part, contrairement à une idée reçue, le traitement des entreprises en difficulté est une pratique assez peu sensible aux fluctuations économiques, de sorte qu’une forte augmentation des défaillances d’entreprises ne se traduit pas par un accroissement proportionnel des dossiers dans lesquels l’intervention d’avocats spécialisés est nécessaire. Inversement, une baisse des dépôts de bilan n’entraîne jamais une diminution équivalente des dossiers de restructuring. En définitive, si l’augmentation des défaillances d’entreprises fut à cette période une réalité, elle n’a pas été telle que les avocats, spécialisés de longue date dans ce domaine, n’ont pas pu répondre à ce nouveau besoin, bien au contraire. Dans ce contexte, les clients ont naturellement continué de se tourner vers ces avocats spécialisés, pour qui le restructuring reste un métier porteur.

Source (Décideurs)

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 19:33
Un optimisme accru malgré les inquiétudes sur l’économie mondiale d’après l’étude NetJets Europe / mergermarket sur le marché des fusions/acquisitions.
La deuxième édition de l’étude sur le climat des transactions européennes « Doing The Deal 2012 », commanditée par NetJets Europe révèle un optimisme continue pour l’activité du marché en 2012 malgré le contexte économique actuel. L’étude prédit une hausse significative des accords de fusions/acquisitions en valeur et en volume pour l’année à venir, en particulier pour les transactions transfrontalières. Plus de la moitié (53%) des personnes interrogées s’attendent à une croissance de l’activité des fusions/acquisitions dans l’année à venir, où la valeur de l’activité augmenterait de 251 milliards d’euros, soit une hausse de 14,5 % par rapport à 2011. Cependant, un nombre significatif parmi l’échantillon sélectionné (13%) a exprimé un manque de confiance par rapport aux perspectives économiques en 2012.

La deuxième édition de l’étude ‘Doing the Deal’ examine la vision de 150 décideurs européens dans un panel regroupant des acteurs aux commandes des capitaux privés, de banques d’investissements, des auditeurs et des cabinets d’avocats d’affaires, impliqués collectivement à hauteur de 158 milliards d’euros dans des transactions effectuées l’année dernière. Menée par Remark, cette étude souligne les chiffres clés du marché des fusions/acquisitions et offre un tour d’horizon pour l’année à venir.

« Sans tenir compte de la volatilité historique du marché, l’étude révèle que la plupart des décideurs sont majoritairement optimistes quant à leur perspectives pour 2012. Il y a un contraste saisissant entre les différentes attitudes selon les pays, mais dans l’ensemble, les décideurs Européens sont confiants dans le fait qu’une faim de croissance et de consolidation dans les secteurs industriels majeurs vont alimenter l’activité des fusions/acquisitions tout au long de 2012 », explique Matthew Albery, Directeur de la Recherche chez Remark.

Opportunités et défis
La consolidation sera la tendance dominante en 2012, avec 45% des personnes interrogés la citant comme le moteur principal des prochaines fusions/acquisitions. Cependant, un regain d’optimisme à propos des fusions/acquisitions a aussi été identifié, car les acheteurs se préparent à agir très vite pour saisir les bonnes affaires, forçant la procédure avec des acquisitions hostiles là où les conditions du marché seront incertaines. La mise au rebut des actifs secondaires, tendance en vogue en période de trouble économique, reste un facteur essentiel pour 38% des vendeurs. Dans ce contexte économique incertain où le financement reste restreint ; l’accès au financement (55%) et la faiblesse persistante de l’économie (52%) sont les deux principaux obstacles à la croissance des fusions/acquisitions prévue pour 2012.

Opportunités nationales et industrielles
L’industrie de l’énergie et des ressources devrait être la plus active sur les fusions et acquisitions en 2012 et au-delà, avec 44% de l’échantillon identifiant ce secteur comme un marché clé pour les consolidations et les acquisitions stratégiques. D’ailleurs, 42% des sondés s’attendant à ce qu’il en soit ainsi pour les 5 années suivantes. Bien que ce secteur ne représente que 10% du volume de transactions, il éclipse les autres en termes de valeur, représentant plus d’un quart des fusions/acquisitions mondiales. Les acquisitions parmi les secteurs ‘Services Financiers’ (37%), Technologies, Medias et Télécommunications’ (30%) et ‘Pharma, Médical et Biotech’ (29%) devraient également être très actifs au cours de l’année à venir.


Les fusions/acquisitions augmenteraient de 250 milliards d’euros en 2012


Au vu des tendances économiques récentes, les marchés émergents comme la Chine (48%) et l’Inde (39%) devraient être les plus actifs sur les fusions/acquisitions en 2012. Les Etats-Unis (35%), le Brésil (29%) et l’Allemagne (23%) complètent le top 5. La France arrive en 7ème position (13%) de l’échantillon, devant le Royaume-Uni.

Fusions/acquisitions transfrontalières
La croissance des marchés asiatiques, plus particulièrement celui de la Chine, a suscité un enthousiasme pour les perspectives des fusions/acquisitions transfrontalières pour l’année à venir par rapport aux prédictions sur l’ensemble du marché (76% pour les transactions transfrontalières et 53% pour le marché en général). Les personnes interrogées s’attendent à ce que les fusions/acquisitions transfrontalières atteignent 101 milliards d’euros, soit 40% de la hausse prévue en 2012.

Les sondés indiquent que les fusions/acquisitions transfrontalières sont motivées principalement par le besoin d’entrer sur les marches à forte croissance (55%), particulièrement dans le contexte de croissance lente des économies développées. Mais elles sont aussi motivées par le besoin d’accroître ses parts de marché et d’étendre le rayon d’action géographique des entreprises (54%), de bénéficier d’économies d’échelle (45%) et de bénéficier d’innovations internationales (39%).

Il est intéressant de noter que les pays en voie de développement se tournent plutôt vers l’occident pour l’innovation : « De nombreuses entreprises asiatiques envisagent une fusion/acquisition transfrontalière pour s’approprier des technologies non disponibles dans leur pays. »

Facteurs de réussite pour les fusions/acquisitions en 2012
- La majorité des personnes interrogées (68%) est persuadée que les opportunités d’acquisitions pour un décideur dépendent de ses contacts professionnels. Les décideurs ont souligné que de bons contacts leur permettent de saisir les bonnes affaires plus tôt, au moment où les cibles sont choisies.
- 65% estiment que le relationnel en face-à-face est un élément clé permettant de sécuriser une fusion/acquisition, au-delà du besoin d’embaucher des conseillers en fusion/acquisition (47%) et de comprendre les implications légales (43%).


Les fusions/acquisitions augmenteraient de 250 milliards d’euros en 2012


« Alors que les marchés continuent d’être volatiles, les décideurs cherchent à entretenir un panel d’opportunités : fusions/acquisitions transfrontalières, exploration de nouveaux marchés de l’énergie et s’assurer que les transactions en cours soient un succès sont les priorités des responsables fusions/acquisitions de demain, » commente Emily Williams, Directrice chez Netjets Europe. « Le pouvoir associé au contact personnel continue d’être une force déterminante pour assurer le succès de telles transactions. Un atout reconnu par nos clients qui utilisent notre flotte pour leur permettre de créer des opportunités, entretenir des relations professionnelles et exécuter leurs stratégies à l’autre bout du monde. »

Pour accéder au rapport complet: http://www.netjetseurope.com/Doingthedeal2012-fr

- Les données primaires ont été recueillies auprès de 150 décideurs européens ; l’étude a été conduite par mergermarket/Remark entre juillet et août 2011.
- L’échantillon des décideurs européens est composée de cadres issus de cabinets d’avocats, d’auditeurs, de banques d’investissement et d’investisseurs privés, tous directement impliqués dans les activités de fusion et d’acquisition au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, en Suisse et au sein de la CCE.
- Parmi les cadres spécialisés en fusion/acquisition, il y a des représentants d’UBS, Allen & Overy, Heineken International, Ericsson and Simmons & Simmons.
- Toutes les personnes interrogées ont été impliquées dans une fusion ou une acquisition au cours de l’année passée. Les montants des transactions auxquelles ils ont participé s’élevaient à €158 milliards, presque 10% de toute l’activité fusion/acquisition sur la période étudiée. Tous les participants sont anonymes et les résultats sont présentés dans leur ensemble uniquement.

A propos de NetJets Europe
Fondée en 1996, la société NetJets Europe est le leader européen de l’aviation d’affaires. NetJets Europe, à travers NetJets Transportes Aéreos (NTA), est le seul à pouvoir offrir en permanence un service très haut de gamme doublé d’un engagement inégalé en matière de sécurité. NTA est le premier opérateur d’avions d’affaires à avoir reçu la certification IOSA (IATA Operational Safety Audit), la plus haute accréditation de sécurité au monde. NetJets Europe emploie plus de 1 600 salariés au total et dispose d’une flotte de plus de 150 avions. NetJets Europe est le représentant commercial de NetJets Transportes Aéreos S.A., transporteur aérien de l’UE.
www.netjetseurope.com

A propos de mergermarket / Remark
mergermarket est un service d’intelligence fusion/ acquisition. Contrairement aux autres services proposés sur ce secteur, mergemarket se spécialise dans l’étude de l’organisation et des opportunités de négociations en cours en s’appuyant sur une base de données compréhensive du secteur créant plus de revenu pour ses clients.
Remark est la division d’études de marché et de publications de mergemarket. Remark publie des rapports sur les fusions/acquisitions et sur les capitaux privés, par secteur industriel, par pays et à travers une étude extensive des tous les sujets affectant les entreprises et leurs fournisseurs.


Mercredi 30 Novembre 2011

 

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 18:52

Depuis mars 2011 et l’annonce fracassante du rachat de T-Mobile USA par AT&T, le 2ème plus grand opérateur téléphonique des Etats-Unis n’a pu être que le spectateur de l’échec de son union. C’était pourtant un très joli coup économique, comme en voit rarement en fusion-acquisition. Ce rachat de la filiale américaine T-Mobile à sa maison mère Deutsche Telekom pour 39 Milliards de dollars dont 25 milliards en liquide et le reste en échange d’actions (la Deutsche Telekom détiendrait alors 5% d’AT&T) serait devenu un cas d’école, un exemple à citer encore des années plus tard. Il faut dire que le plan était alléchant : en faisant l’acquisition de T-Mobile -qui possède 9% du marché américain-, AT&T, qui culmine actuellement à 27% de part de marché, aurait détrôné le champion en titre, j’ai nommé Verizon et ses 31%. Et il faut bien comprendre les enjeux d’une telle transaction et l’importance qu’ont ces quelques chiffres. Dans un Etat-Continent comme les Etats-Unis, la couverture de l’ensemble du territoire est très difficile techniquement et surtout extrêmement coûteuse. D’où l’envie irrésistible pour AT&T de détenir 36% du marché : sa situation de leader attirera sans cesse de nouveaux clients désireux d’avoir le meilleur réseau possible dans tous les recoins du pays. Et la dote était trop bellepour que la mariée refuse. Les étoiles, enfin les satellites des futurs époux, brillaient de mille feux pour célébrer ce mariage en grande pompe.

Si quelqu’un veut s’opposer à cette union, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais…

MOI ! crie l’administration américaine. Pas moins de sept Etats s’y sont fermement opposés, et la FCC -la Commission Fédérale des Communications-, a ouvert une enquête puis a saisi le Département de Justice pour intenter un procès à AT&T qui devrait se tenir en Février. Pourquoi donc l’un des pays les plus libéraux au monde ne laisse t-il pas la loi du marché suivre son cours? Par peur de la constitution d’un duopole très puissant qui détruirait les petits acteurs et leurs emplois, le n°3 Sprint Nextel en tête. Par crainte que ce secteur ultra dynamique s’endorme sur ses lauriers et oublie l’innovation qui apporte tant à la position dominante des Etats-Unis dans le monde…

Et ainsi se termine la belle cérémonie : AT&T semble s’être définitivement résigné en retirant aujourd’hui son dossier de rachat et commence à rassembler les 4 Milliards de dollars de compensations nécessaires à la rupture du contrat. AT&T-Mobile n’est pas prêt de naître…

 Timothée Guérin

Source (e-delit.com, le journalen ligne de Transaction EDHEC)

 

Ne pas prendre en compte, ou prendre partiellement en compte l'écosystème de l'entreprise (cible ou acquéreur) est également source d'échec. Dans ce cas particulier, il s'agit, pourrait-on dire, du cadre réglementaire ou proche. Je pense que je vais ajouter ce cas d'école aux pages de fond de ce blog...

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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 16:10

La brutalité de la crise de la dette nous prend de court. Pourtant nous savions tout. Ce qui est nouveau, c’est que ça ne peut plus durer. Les entreprises connaissent une situation assez similaire avec leur dépense informatique. Un budget en apparence hors de contrôle appelant des mesures énergiques qui pourraient s’avérer contreproductives…

Quelle différence entre la crise de la dette et la dépense informatique ?

Même si en théorie l’endettement peut être un facteur de croissance. L’heure des mesures drastiques a sonné. Des mesures qui ne laissent plus la place à la nuance ";bonne dette / mauvaise dette";. Des mesures brutales puisque la crédibilité des dirigeants est atteinte. En effet, cette situation démontre que l’endettement a servi soit à des investissements improductifs (mauvaises affaires), soit à continuer de vivre au-dessus de ses moyens (mauvaise gestion). Bref, l’heure n’est plus à la discussion !

Il en va de même pour les sommes faramineuses engouffrées par les entreprises dans leur informatique interne. Elles s’analysent soit comme des investissements à haute valeur ajoutée, soit comme une dépense de fonctionnement. Dans ce dernier cas, il est étymologiquement fondé de parler de « dépense » informatique et le niveau atteint pose naturellement question.

Combien de temps avant les mesures drastiques ?
Ne sommes-nous pas arrivés au point où tout discours sur la création de valeur par l’informatique est devenu inaudible, tant la réduction du budget IT est devenue impérieuse ? Le secteur bancaire (traditionnelle locomotive marché IT) s’apprête, du moins dans la zone euro, à lancer une telle injonction sans nuance dans le budget 2012 ! Une situation isolée ? Pour combien de temps ?

Dans ce contexte, la dernière prédiction du Gartner est à regarder de près : « Les services informatiques industrialisés low-cost vont transformer le marché des services IT ». Ces services à bas coût pourraient représenter 30% du marché, dès 2015. Une révolution !

Il se pourrait que cette prédiction s’avère plus ou moins exacte, tant la réduction de la dépense IT va devenir pressante. Il est en revanche beaucoup plus douteux que des services low-cost rendus à des entreprises qui ne le sont pas entraînent les effets attendus. La loi du low-cost est connue : c’est une affaire de gènes ! Seules les organisations nativement low-cost peuvent produire low-cost. De même, il est probable que seules les organisations low-cost puissent consommer durablement et avec bonheur des prestations low-cost.

Les services informatiques low-cost risquent d’être une mode informatique de plus. Une mode qui ne fera pas diminuer la dépense IT. Comme le dit Madame Merkel au sujet du désendettement : ";ce qui compte, ce sont les actes !";.

La merkelisation de l’informatique : un changement de paradigme

Pour lutter contre l’endettement il faut prendre des mesures énergiques certes, mais surtout des mesures courageuses. Bref, en finir avec les mauvaises habitudes ! C’est désagréable et très difficile puisqu’il s’agit de faire l’inverse de ce que l’on a fait jusqu’à présent. Il faut changer collectivement pour de vrai !

Pour lutter contre la dérive des coûts informatiques, il faut probablement revenir sur le chemin parcouru ces dernières années plutôt que se ruer sur une nouvelle tocade. Il est ainsi possible que l’heure de contingenter les ERP ait enfin sonné... En tout cas, l’heure est venue dans certaines entreprises de démonter l’usine à gaz de l’informatisation de la relation client (CRM), complètement ringardisée par l’avènement des réseaux sociaux et de ce qu’il faut appeler le f-commerce (f pour Facebook). Mais le chemin parcouru a été long. La liste des révisions est donc conséquente. La relation Moa/Moe, la gouvernance SI, l’urbanisation du SI et bien d’autres concepts qui ont grassement nourri les fournisseurs informatiques et les consultants seront bientôt sur la sellette.

Arrivera-t-on à le dire aussi brutalement ou faudra-t-il qu’on le masque sous une autre passade en vogue (entreprise 2.0, agilité, consumérisation de l’informatique…) ? Les fournisseurs et consultants ont, semble-t-il, une préférence pour la seconde hypothèse qui leur permettra, comme ils disent, de se « repositionner ».

Une chose est certaine, il faut changer nos pratiques, pour de vrai ! 

Note de LM:  
Ceux d'entre vous qui me connaissent bien savent que j'ai fait ce constat depuis 2008. Pour compléter les propos de l'auteur ci-dessus, j'ai constaté que les entreprises françaises ne font plus de projets de transformation à moyen/long terme (3 à 5 ans). Comme d'habitude, je ne me focalise pas sur le système d'information, mais plus globalement sur l'entreprise (que voulez-vous...: c'est dû à ma vision au travers du prisme de l'urbanisme/architecture d'entreprise).
Actuellement, on privilégie uniquement le ROI ("Return On Invest") immédiat, les projets nécessités par une nouvelle réglementation, ou la MCO (Maintien en conditions opérationnelles, autrement dit on "colle des rustines").
Malheureusement, l'écosystème de l'entreprise évolue, et ce de plus en plus vite. Autrement dit, ne pas adapter son système d'information aux nouvelles exigences des clients et partenaires revient à différer un investissement qui va se révéler de plus en plus coûteux.
Je m'explique:
1) Il est plus facile de réaliser un changement petit à petit que d'effectuer un "Big Bang". Or les changements n'ayant pas été instillés progressivement au cours des années par mesure d'économies, le prochain changement sera énorme et douloureux, au vu du temps perdu.
2) Le changement ne peut pas s'effectuer instantanément: il nécessite un temps de réalisation entre la prise de décision et sa mise en oeuvre. Ainsi, l'entreprise va se retrouver en état instable pendant une durée plus ou moins longue.
3) Les partenaires de l'entreprise sont eux-mêmes dans le même paradigme. Autrement dit, ils vont brutalement effectuer des changements que l'entreprise devra prendre en compte, compliquant ainsi les changements dus à l'entreprise elle-même.

Je ne prends même pas en considération le cas de deux SI qui ont divergé dans le cadre d'une FUSACQ...

Quand le moment sera arrivé, ca va être sportif...
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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 10:49

Alors que les petites entreprises redoutent une raréfaction des concours bancaires, partenaires des TPE et spécialistes du conseil multiplient les initiatives pour les rassurer. Parfois avec l’aide de certains établissements financiers.
Dans cette campagne nationale en faveur de l’accès au crédit, les centres de gestion agréés démontrent une nouvelle fois toute leur utilité.

Pour en savoir plus : http://www.fcga.fr (Catégorie : Observatoire de la Petite Entreprise)

 

Le scoop est passé quasiment inaperçu : selon la Banque de France, à fin juin 2011, l'encours des crédits aux TPE atteint 186 milliards d'euros sur un encours total aux PME légèrement inférieur à 300 milliards d'euros.
En clair, cela signifie que les TPE concentrent à elles seules près des deux tiers des encours de crédits aux PME ! Des statistiques étonnantes lorsqu’on connaît les difficultés rencontrées sur le terrain par les artisans et les commerçants en quête de financements.
Ces statistiques révèlent, en outre, que 90% de ces mêmes encours concernent des prêts à moyen terme (crédits d'investissement hors immobilier) et à long terme (crédits immobiliers). Il s’agit donc de financements accordés tout au long de la dernière décennie et pas seulement en 2011. Au quotidien, en raison de fonds propres souvent insuffisants, les petites entreprises souffrent. Surtout quand la conjoncture est morose.

Une priorité : l’accès aux crédits de trésorerie

Aujourd’hui, la principale préoccupation des dirigeants de TPE, c’est la trésorerie. « Environ 60 % des difficultés des petites entreprises concernent le financement. Le problème principal est le besoin de trésorerie, et notamment les décalages de trésorerie, ainsi que des difficultés liées aux découverts structurels, qui coûtent très cher ! », souligne Agnès Bricard, présidente du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables.
Dans son rapport sur « L’accès au financement des TPE », Gérard Rameix, le Médiateur du Crédit (également président de l’Observatoire du financement des entreprises), recommandait d’ailleurs de faciliter l’accès des petites entreprises aux crédits de trésorerie. Souvent,  faute de financement, elles n’ont pas d’autre choix que de se mettre à découvert. Une fausse « solution » qui impose des frais importants aux TPE concernées.
Gérard Rameix propose aussi de généraliser l’envoi en ligne de dossiers simplifiés pour les demandes de crédits de moins de 25 000 euros. Une solution également préconisée par Agnès Bricard, à l’origine de cette nouveauté. « Nous avons lancé cette idée dans le but de réduire la charge de travail des banques pour ces petits prêts, et donc de les inciter à les examiner ». Depuis la mi-octobre, le dispositif mis en place par les experts-comptables, avec le groupe BPCE et LCL pour le moment, est opérationnel. Les experts-comptables remplissent la demande de crédit en ligne et la banque s’engage à répondre dans les 15 jours. En cas de refus, la décision est motivée.

Le rôle des CGA

Pour optimiser leurs chances d’obtenir le financement dont elles ont besoin, les petites entreprises ont tout intérêt à adhérer à un centre de gestion agréé. Elles bénéficieront alors de tous les outils de diagnostic économique qui leur permettront de situer avec précision le niveau de leur activité par rapport au marché local, d’analyser leurs performances par rapport à la concurrence, de bien identifier leurs points forts et leurs points faibles. Autant d’informations chiffrées qui ne manqueront pas de rassurer le banquier.
« Les CGA, grâce à la haute fiabilité de leurs outils de gestion et de suivi de l’évolution du chiffre d’affaires, participent aussi à la crédibilisation des dossiers de demande de financement. Cela, en complément, bien entendu, de l’intervention des experts-comptables. Notre connaissance comparative des marchés locaux est un formidable atout et constitue un éclairage précieux pour les établissements financiers qui souhaitent disposer de données objectives afin d’appuyer leurs décisions en matière d’octroi de crédit », explique Christiane Company, présidente de la Fédération des centres de gestion agréés (FCGA).

Avis d’expert

Franck Oniga,Directeur du marché professionnels, entreprises et institutionnels Groupe Banque Populaire (BPCE)
« Pour poursuivre notre rôle de financement de l’économie tout en respectant les nouvelles contraintes règlementaires sur les taux d’intérêts, la relation bancaire doit s’inscrire résolument sur des bases larges dans l’intérêt des deux partenaires. La domiciliation des flux de l’entreprise, mais également la gestion de la relation du dirigeant à titre privé deviennent incontournables ».

Méthodologie de l'Observatoire

Tous les mois, près de 70 centres de gestion agréés (CGA), répartis sur l'ensemble du territoire national, transmettent les chiffres d'affaires, rendus anonymes, de leurs adhérents à la Fédération. Les indices d'activité sont calculés chaque trimestre, à partir des chiffres d'affaires d'un échantillon de 15 000 petites entreprises de l'artisanat, du commerce et des services. L'évolution des activités est pondérée par le nombre d'entreprises recensées par l'INSEE dans chaque secteur considéré. Un questionnaire est parallèlement adressé chaque trimestre à près de 2 000 petites entreprises représentatives, permettant d'établir le baromètre du moral des dirigeants et de leurs intentions d'investissement et de recrutement.

 

Source (Fédération des Centres de Gestion Agréés)

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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 04:12

Le rendement réalisé brut des surenchères anticipées par le marché s’élève à 1,9 %. Celui des surenchères surprises monte à 15 %, selon une étude d'OFI AM

Par Yves-Marc Le Reour le 21/10/2011

 

Un peu plus d'une opération de fusion et acquisition sur dix, en moyenne, fait l'objet d'une surenchère, révèle une récente étude d' OFI Asset Management. La société de gestion s’est appuyée sur plus de 2.000 transactions, d’une valeur d’entreprise supérieure à 500 millions de dollars, réalisées entre 1998 et 2011 aux Etats-Unis et au Canada. Les surenchères «représentent en moyenne 12% des opérations finalisées», un niveau suffisamment important pour être pris en compte par les investisseurs dans le cadre d’une stratégie d’arbitrage de risque. Les surenchères anticipées par le marché sont les plus fréquentes puisqu’elles représentent 58% du total contre 42% pour les surenchères inattendues.
Mais l’analyse des surenchères anticipées montre le caractère cyclique de ce phénomène, qui s’explique par l’importance des conditions prévalant sur les marchés d’actions et d’obligations dans le déclenchement des opérations. Dans le dernier haut de cycle de 2007, les investisseurs tablaient ainsi sur une surenchère dans près de la moitié des transactions annoncées contre seulement 15% des cas en bas de cycle (2003 ou 2009).
Leur probabilité est plus élevée «lorsque l’acquéreur présente une offre hostile payée en numéraire avec un prix inférieur à la moyenne historique observée» car l’intervention d’un chevalier blanc sera alors davantage recherchée par les dirigeants de la cible. Le rendement brut réalisé de ces surenchères, de 1,9% en moyenne sur la période, est ressorti positif chaque année sur la période à l’exception de 2008. Ceci peut s’expliquer à la fois par une baisse des marchés boursiers plus brutale qu’en 2001 et par le nombre important d’opérations à effet de levier ayant dû être abandonnées en raison des restrictions d’accès au marché du crédit.
Quant aux surenchères inattendues qui constituent sur longue période 5% des opérations finalisées, elles font apparaître dans les premiers jours suivant l’annonce de l’opération non pas une prime d’acquisition «mais plutôt une décote classique de ‘risk arbitrage’», relève l’étude. De surcroît, «le prix payé par l’acquéreur n’est pas un facteur déterminant» dans ce cas. Enfin, l’étude montre que ces surenchères, également cycliques, ont l’avantage d’offrir aux arbitragistes des rendements bruts réalisés très attrayants de l’ordre de 15%, bien supérieurs à ceux des surenchères anticipées.

 

Source (AGEFI.fr)

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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 06:00
Le thème des fusions acquisitions évoque spontanément des opportunités en matière de valorisations des actions de la société reprise et/ou de celle du repreneur. Mais l’impact de ces opérations ne se cantonne pas à la seule sphère des actionnaires.
De plus en plus fréquemment, compte tenu des clauses de rédaction des prospectus d’émissions, les détenteurs d’obligations convertibles bénéficient de conditions « d’indexation » très favorables en cas d’OPA : Solvay sur Rhodia, LVMH sur Bulgari, HP sur Autonomy, autant d’opérations récentes qui ont été très profitables aux détenteurs d’obligations convertibles des sociétés rachetées.

Les tensions actuelles et le contexte économique difficile qui s’est installé ces dernières semaines pourraient nous amener à tenir un discours moins optimiste et pourtant, même si le rythme s’est ralenti, les opportunités liées aux M&A restent présentes et pourraient être relancées dans un environnement de taux d’intérêt bas.

UN CONTEXTE FAVORABLE : DES SOCIETES MASSIVEMENT DESENDETTEES

Depuis la crise de 2008, les entreprises se sont désendettées et ont préservé leurs liquidités. Elles présentent aujourd’hui des bilans assainis et disposent d’importantes réserves de cash pour financer leur croissance. Comme le montrent les graphiques ci-dessous, les sociétés présentent actuellement des niveaux
d’endettement historiquement bas, tout en affichant un niveau de liquidité historiquement élevé. (Source : Barclays Capital - Données 1995-2011).


Le M&A sous l'angle des convertibles


Le M&A sous l'angle des convertibles


UN CONTEXTE FAVORABLE : DES VALORISATIONS ATTRACTIVES

Un grand nombre de sociétés, et en particulier certaines mid cap, affichent des niveaux de valorisation particulièrement attractifs, et accentués dans la baisse récente des marchés, constituant ainsi de potentielles cibles d’acquisition. Par ailleurs, le coût de financement des acquisitions restant assez faible dans un
environnement de taux bas, le nombre d’opérations atteint aujourd’hui des niveaux très élevés. En Europe (graphe ci-dessous), on constate que le nombre d’opérations de M&A est au plus haut depuis 1996 ; et si les montants pour 2011 restent modérés comparativement aux autres années, c’est que ces opérations se font sur des sociétés de plus petites tailles, le plus souvent en réponse à des recherches de relais de croissance. (Source Credit Suisses - Données 1996/2011).

M&A Européen (1996/2011) - Le nombre d’opérations YTD au plus haut :


Le M&A sous l'angle des convertibles


LE M&A : UN FACTEUR DE SOUTIEN POUR LES CONVERTIBLES

LES CLAUSES DE PROTECTION

Les prospectus d’émissions de convertibles comportent aujourd’hui presque tous des clauses de protection en cas de changement de contrôle de l’émetteur ou d’OPA, que cela soit des clauses de « ratchet » ou de « poison put ». La première offre au porteur la possibilité de participer à une OPA par ajustement du ratio de conversion et la seconde, le remboursement anticipé au pair. Ces clauses se sont généralisées et il est estimé qu’aujourd’hui 95% des convertibles émises disposent d’une clause de ratchet.

UN GISEMENT CONVERTIBLES QUI A EVOLUE

Le gisement européen des convertibles a beaucoup évolué ces dernières années et est constitué aujourd’hui d’une grande part de sociétés small et mid cap, dont une forte proportion de sociétés de croissance non notées et sujettes à OPA.

La tendance de ces dernières années, qui s’est renforcée depuis la crise de 2008, a vu les sociétés notées « investment grade » se désendetter et se concentrer sur l’amélioration de leurs marges et la génération de cash. Elles font donc beaucoup plus rarement appel aux obligations convertibles. A contrario, les sociétés small et mid cap non notées, ne peuvent pas faire appel aux marchés des obligations, et ne souhaitent pas être dépendantes des banques. Elles privilégient donc les obligations convertibles pour financer leur croissance à un taux meilleur marché. C’est pourquoi elles représentent aujourd’hui une part non négligeable du gisement des convertibles européennes.

Bien gérées et plus immunes à l’environnement, ces sociétés constituent des cibles privilégiées pour de grosses entreprises désireuses de trouver de nouveaux relais de croissance, sans prendre le risque de grosses acquisitions.

L’ATTRAIT DES CONVERTIBLES MID CAP

L’année 2010 a marqué le retour de la thématique « M&A » au sein du gisement européen avec des opérations de fusion/acquisition lancées sur International Power et Dana Petroleum, mouvement qui se poursuit en 2011 avec des opérations sur des valeurs comme Solvay (Rhodia), Bulgari (LVMH) et Autonomy (HP).

EXEMPLE : CAS CONVERTIBLE AUTONOMY
Après des semaines de rumeurs concernant une potentielle OPA par Microsoft ou Oracle, c’est finalement HP qui a lancé en août 2011 une OPA sur Autonomy. Autonomy (UK) est le plus important éditeur indépendant de logiciels au Royaume-Uni. Il dispose d'une large gamme de produits de gestion de l'information, y compris des solutions de recherches. La performance résultant de cette OPA est de : ACTION +65% et OC +40% (gain provenant de la ratchet). A noter, que cette convertible, avant l’annonce de l’OPA, avait un rendement de 2.3% et un delta de 25%. Sans ratchet, nous aurions donc bénéficié d’une sensibilité à la hausse de l’action de 25%; la présence de la ratchet s’est donc avérée très favorable au porteur de la convertible.

Ainsi, la standardisation de ces clauses de protection combinée à la nature mid cap de la majorité des émetteurs renforce l’attrait « spéculatif » de la classe d’actifs.

ACROPOLE AM / SELECTION DE VALEURS

LE M&A : « LA CERISE SUR LE GÂTEAU » POUR LES CONVERTIBLES

Notre processus de sélection vise à identifier les meilleures opportunités d’investissement au travers de trois moteurs de performance : action, crédit et volatilité. Une fois notre sélection/short list de convertibles faite, nous les analysons en détail afin de déterminer celles qui pourraient, en plus de leur profil attractif, profiter (le cas échéant) d’une opération de M&A.

Depuis début 2010, le M&A est un des thèmes que nous suivons dans le cadre de notre stock picking, et en particulier dans le cadre de la gestion du fonds Acropole Convertibles Europe. Par ailleurs, avec un gisement de convertibles européennes qui présente actuellement des caractéristiques techniques attractives : un rendement actuariel significatif (rendement actuariel > 3%), une majorité de profils sensibles à la hausse de l'action (sensibilité action > 30%) et de fortes décotes ; les clauses de protection renforcent encore l’attrait de la classe d’actif !

M&A : QUELLES VALEURS SELECTIONNER ?

1. Cibler les entreprises qui pourraient profiter d’un contexte de taux d’intérêt bas pour optimiser leur bilan

a) Rachat par les maisons mères de filiales cotées :
– International Power / GDF Suez
b) Achat de société dont les bilans sont sous-optimisés (peu ou pas de dettes au bilan) :
– Sainsburry : les actifs immobilisés sont inférieurs à 1/3 de la capitalisation boursière
– Inmarsat : bilan sous-optimisé comparativement à ses concurrents EutelSat et SES ; avec par ailleurs une valorisation très attractive (en multiple EV/EBIDA, la société est deux fois moins chère que SES et Eutelsat) et peu de dettes.

2. Identifier les secteurs propices aux opérations de M&A et les valeurs qui pourraient constituer des cibles intéressantes
Reflet de notre gestion sur la zone Europe, le tableau ci-dessous met en évidence les secteurs que nous considérons comme propices à des opérations de M&A et les valeurs qui, en plus de leurs caractéristiques techniques, pourraient bénéficier d’une reprise des opérations de M&A.


Le M&A sous l'angle des convertibles


POUR CONCLURE
Il est important de noter que malgré les tensions récentes, les opérations de M&A devraient persister en raison du niveau de cash significatif des entreprises, des coûts de financement raisonnables et de la recherche de relais de croissance. Paradoxalement, la baisse récente des marchés actions et des convertibles pourrait relancer les opérations de croissance externe dès que la situation politique se sera clarifiée.

L’équipe d’Acropole AM
Octobre 2011
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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 10:41

Zurich (awp) - Les activités M&A (fusions et acquisitions) se portent bien en Suisse au premier semestre 2011. Cela est vrai tant au niveau du nombre (+14%) que sur le plan de la valeur des transactions annoncées (+27%), selon les chiffres de l'étude internationale "Global M&A Predictor" publiée sous la houlette de KPMG. A travers le monde, le nombre des transactions M&A accusait un recul, pour une valeur en hausse.

Pour l'instant, la force du franc ne semble pas dissuader les acheteurs étrangers, a indiqué le réviseur dans un communiqué mardi. Et les entreprises suisses qui acquièrent à l'étranger seront encore favorisées par la force du franc.

L'analyse des activités M&A suisses de ces dernières années montre que les entreprises du pays ont effectué plus d'acquisitions à l'étranger que les sociétés étrangères n'ont acheté de firmes suisses, a rappelé KPMG.

Cette tendance est observée depuis des années et elle est indépendante de l'évolution des cours des devises. Maintenant non plus, les entreprises étrangères ne se laissent pas décourager par la force croissante du franc et ont annoncé plus de rachats de sociétés suisses au premier semestre 2011 qu'au cours des deux semestres précédents, en 2010.

En Suisse, le nombre de transactions dont la somme est inférieure à 50 mio USD effectuées ces six derniers mois a déjà dépassé les valeurs annuelles de 2008 et 2009, et se situe presque au niveau de l'année 2010 entière. Ces deux constats sont des signes clairs de la confiance et de la crédibilité dont bénéficie le marché M&A suisse, d'après KPMG.

Le réviseur rappelle qu'après la méga-transaction Alcon/Novartis portant sur 41,2 mrd en 2010, les deux principales transactions du premier semestre 2011 ont également eu lieu dans le secteur de la santé et des sciences de la vie. Johnson & Johnson a acquis la société Synthes pour 21,2 mrd USD et la société japonaise Takeda Pharmaceutical a racheté l'entreprise privée zurichoise Nycomed pour 13,7 mrd USD.

En tête au niveau des valeurs, le domaine de la santé et des sciences de la vie a enregistré moins de transactions au premier semestre.

La troisième plus grande transaction, d'un volume de 3,2 mrd USD, est intervenue dans le secteur des services financiers. La société suisse Allied World Assurance et la société américaine Transatlantic Holdings ont fusionné pour créer un fournisseur mondial de services d'assurance et de réassurance. En outre, sur les dix principales transactions suisses du premier semestre, quatre se situent dans le secteur des services financiers.

Le secteur industriel ne domine pas au niveau de la taille des reprises du premier semestre 2011, mais est en tête en termes de nombres d'opérations avec un quart environ des transactions annoncées. Le secteur industriel est suivi de près par les services financiers (12%) et le secteur de la santé et des sciences de la vie (10%).

ABB a effectué par exemple cinq transactions au premier semestre de cette année en Inde, en Australie, aux États-Unis, en Suède et en Suisse.

Concernant les perspectives, la tendance à l'intensification des activités M&A persistera au cours du deuxième semestre, selon KPMG.

En dépit du contexte économique défavorable et du cours élevé du franc suisse, les entreprises étrangères ne renonceront pas à lancer des acquisitions en Suisse. Et les entreprises suisses qui acquièrent à l'étranger sont encore favorisées par la force du franc.

tt


(AWP / 09.08.2011 12h01)

 

Source ( Romandie News)

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 10:17

Reuters - publié le 11/08/2011 à 11:54

Les entreprises qui envisagent une opération de fusion-acquisition d'envergure sur le marché français seraient bien inspirées de se lancer avant que la campagne présidentielle ne batte son plein, jugent des spécialistes du M&A interrogés par Reuters.

Des banquiers d'affaires estiment en effet que c'est une période à risque pendant laquelle une transaction peut brusquement devenir un objet de polémique.

"La réalité, c'est qu'une opération peut toujours être instrumentalisée par un syndicat ou un parti", explique un banquier d'affaires basé à Paris, notant "qu'il y a une série d'opérations (...) qu'il convient de faire passer soit en amont de la campagne soit après la fin des élections".

Les privatisations sont évidemment parmi les opérations les plus sensibles et peu de gens s'attendent par exemple à voir le gouvernement remettre sur la table l'ouverture du capital des aéroports régionaux. Une opération pourtant susceptible de faire rentrer plusieurs centaines de millions dans les caisses de l'Etat dans une période où le maître-mot est désendettement.

Si les confrontations électorales ne sont guère propices aux grandes batailles boursières - comme celles qui opposèrent en leur temps Total à Elf, Sanofi à Aventis ou encore Mittal Steel à Arcelor -, même des opération amicales dans des secteurs a priori non stratégiques pourraient prendre une mauvaise tournure.

"Tant qu'à faire, autant ne pas vendre Yoplait à des américains en période électorale", juge le banquier, faisant référence à l'acquisition par General Mills du numéro deux mondial des produits laitiers frais en mars dernier.

La vente de Yoplait à un industriel étranger a pu se dérouler sans trop de heurts malgré la volonté du gouvernement de trouver une solution française. Mais l'issue aurait pu être tout autre en pleine campagne, notamment à cause de l'importance de Yoplait pour les producteurs de lait français.

PATRIOTISME ÉCONOMIQUE

Les opérateurs notent d'ailleurs que même hors des temps forts électoraux, le patriotisme économique à la dent dure.

Ainsi, les enchères organisées en 2009 pour la vente d'Areva Transmission & Distribution ont été critiquées, le japonais Toshiba protestant de ne pas avoir été choisi bien qu'ayant proposé un prix plus élevés qu'Alstom et Schneider.

De même en décembre dernier, Ingenico a dû annuler en dernière minute une offre de 1,44 milliard d'euros de l'américain Danaher Corp.

Plusieurs dossiers pourraient s'accélérer avant la campagne ou au contraire être mis "au frigo" pour quelque temps.

"Ce ne serait pas forcément une bonne idée pour Renault de revoir ses liens avec Nissan pendant cette période", explique le même banquier.

La réorganisation de la filière nucléaire et ses conséquences sur les liens entre EDF et Areva est aussi susceptible de déclencher des polémiques, comme en attestent les vifs échanges entre politiques lors de l'éviction d'Anne Lauvergeon.

La création d'une grande entreprise minière française est aussi un "marronnier", comme les échanges d'actifs que doivent encore réaliser Safran et Thales pour restructurer le secteur de la Défense. Les stratégies de Carrefour ou de France Télécom restent aussi sous surveillance.

TESTER LES LIMITES

Les fonds d'investissement, en particulier anglo-saxons, réfléchiront quant à eux à deux fois avant de jeter leur dévolu sur des entreprises emblématiques ou très pourvoyeuses d'emplois.

"On nous a déjà accusé de tous les maux possibles", se plaint ainsi une source d'un fonds étranger, qui reconnaît que les déboires d'Axa Private Equity avec Skyrock ont laissé des traces, de nombreux politiques s'étant empressés de défendre le très médiatique PDG de la station de radio contre le fonds.

D'autre observateurs expliquent que les opérations restent possibles en y mettant les formes, et citent en exemple le rachat en 2010 de Pechiney par le fonds Apollo, une opération soutenue par l'Etat et le Fonds stratégique d'investissement.

Mais pour certains banquiers, une élection présidentielle pourrait être aussi l'occasion de tester les limites de l'interventionnisme français.

"Il y a toujours un motif politique pour ne pas faire quelque chose, je suis plus agressif que certains de mes collègues; si on a besoin de faire une opération et que c'est bordé juridiquement alors on y va", juge l'un d'eux.

"Qu'est-ce que l'Etat aurait fait contre Pepsico sur Danone?", demande ce banquier, jugeant qu'à part des effets de manche, le gouvernement de l'époque, en 2005, n'aurait rien pu faire juridiquement pour s'y opposer.

 

Source (L'Expansion)

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