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2 septembre 2010 4 02 /09 /septembre /2010 12:37

« Les fusions-acquisitions reviennent, grâce à la crise », nous apprend RFI.

Bon, au départ, vu de mon côté de la lorgnette, les fusions-acquisitions, ce n’est pas le sujet que je trouve le plus palpitant au monde. Sauf que…

En ce moment, c’est l’effervescence la plus complète dans le monde des fusions-acquisitions. Rien que pour août, elles représentent 200 milliards de dollars. La dernière en date à avoir fait les gros titres : les 18,5 milliards de dollars proposés par Sanofi-Aventis pour racheter Genzyme. Offre qui a été rejetée par le conseil d’administration du groupe de biotechnologies américain. On peut aussi citer les 39 milliards de dollars proposés par le géant minier BHP Billiton pour l’offre d’achat hostile du fabriquant d’engrais PotashCorp, le rachat par GDF Suez d’International Power ou encore la compétition entre HP et Dell pour conquérir la société de stockage de données 3PAR.

Et les haussiers de se réjouir devant toute cette agitation : elle nous préparerait une hausse de marchés actions.

Alors, les fusacqs, symboles de la bonne santé retrouvée des entreprises ? La réponse est non, et voici pourquoi.

1. Les sociétés sont passées par la case « banquier », et ont reçu beaucoup d’argent. Conséquence de la politique à taux zéro de la Fed et d’autres Banques centrales : les entreprises ont pu emprunter à un taux particulièrement réduit. D’après Moody’s, les entreprises américaines hors secteur financier sont aujourd’hui assises sur 1 850 milliards de dollars de cash.

Ce n’est pas tout, toujours selon Moody’s, les hedge funds détiendraient quant à eux pour 450 millions de dollars de cash. De quoi s’offrir sans trop de problème une ou deux petites sociétés.

Et au cas où les PDG en mal de conquêtes seraient en manque de fonds, les conditions d’emprunts sur le marché obligataire sont excellentes, avec des taux extrêmement bas.

2. Les sociétés ont réduit leurs coûts… et de la manière la plus radicale qui soit : en licenciant. Et voilà comment on augmente la trésorerie disponible.

3. Posséder des liquidités ne signifie pas être en bonne santé. Le Financial Times nous apprend que la dette totale des entreprises américaines s’élève à 7 200 milliards de dollars. Soit un montant quatre fois supérieur à celui du cash dont elles disposent.

4. Des intérêts bien compris. Les fusions-acquisitions ne sont pas toujours faites dans l’intérêt des sociétés concernées, et donc de leurs actionnaires – c’est-à-dire vous. Les gérants des sociétés acquéreuses peuvent bénéficier d’un bonus, ou d’une augmentation de salaire alors que la taille de leur société augmente. Quant aux dirigeants des sociétés cibles, des parachutes dorés leur assurent des lendemains confortables en cas où ils se feraient éjecter lors de la fusacq. Ainsi, Bill Doyle, le PDG de PotashCorp devrait recevoir 445 millions de dollars en cas de vente de son entreprise à BHP.

Ajoutons que les sociétés mal en point ont souvent tout intérêt à se lancer dans une fusion-acquisition. Les grandes manoeuvres dans les bilans qui accompagnent souvent les fusaqs permettent de « maquiller » d’éventuels mauvais chiffres.

5. Une incertaine hausse des cours. Si les fusions-acquisitions font régulièrement grimper le cours de l’action de la société cible, elles ont aussi tendance à faire chuter celui de la société acquéreuse, comme l’expliquait Ingrid Labuzan dansMoneyWeek : « Posséder des actions du prédateur peut en revanche s’avérer une mauvaise nouvelle. Dans la plupart des situations, les fusions-acquisitions s’avèrent destructrices de valeur. Une étude de McKinsey (1997) a conclu que sur un échantillon d’acquisitions, plus de 60% ont été un échec sur le critère de la rentabilité de l’achat de l’entreprise. Une estimation qui a depuis été confirmée par nombre d’études similaires. En général, le cours du prédateur chute après l’annonce d’une OPA ou d’une OPE, car ces opérations sont coûteuses ». Ingrid vous met d’ailleurs en garde contre les pièges des fusions-acquisitions pour les petits porteurs. A lire ici…

Quant aux sociétés cibles, si dans un premier temps, leur cours grimpe sous l’effet de l’annonce de la fusacqs, ce n’est souvent qu’un feu de paille.

6. Une multiplication des fusions-acquisitions n’est pas signe du retour des bulls. Historiquement, les frénésies de fusacqs ont d’ailleurs tendance à suivre les grands marchés haussiers plutôt que les annoncer.

Graphique comparant le MSCI World Index à la somme totale des fusacqs (lissée en utilisant la moyenne mobile à 20 jours)

Pire, comme vous pouvez le constater ci-dessus sur le graphe comparant le MSCI World Index à la somme totale des fusacqs (lissée en utilisant la moyenne mobile à 20 jours), elles ont même tendance à annoncer une baisse des cours.

En conclusion, ne vous fiez pas à ceux qui vous annoncent un retour en fanfare d’un marché résolument haussier en se fondant sur la multiplication des fusions-acquisitions. Tout cela n’est qu’un écran de fumée médiatique.

Source (MoneyWeek..fr)

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